Nicolas Batteux

Partant du constat d’une négligence du Parlement comme acteur des « années 1968 » (1967-1972), cette thèse interroge l’action des groupes parlementaires du SPD ouest-allemand et de la FGDS française au cours de cette crise dans une perspective comparée. Elle examine au travers des thématiques de la crise politique, de la participation et de l’émancipation individuelle la manière dont les groupes étudiés ont réagi aux défis posés par la jeunesse et les manifestants dans le cadre des débats parlementaires. Le consensus était parfois difficile entre les députés du même groupe, selon leur âge ou encore leur sensibilité politique au sein de leur parti. Certains privilégiaient la bienveillance, quand d’autres se faisaient les défenseurs d’une position plus ferme. Plus globalement, les deux groupes étudiés ont adopté des modes d’action souvent opposés : alors que les députés de la FGDS tentèrent d’incarner le débouché des plaintes étudiantes à l’Assemblée nationale en proposant des réformes rapides, les sociaux-démocrates allemands se refusèrent à adopter des textes de manière trop précipitée. Cette grille d’analyse, qui privilégiait la conformité au temps parlementaire au symbole, suscita des incompréhensions dans la jeunesse. Les manifestations qui agitèrent les deux pays représentèrent un défi posé à la démocratie parlementaire et les députés s’interrogèrent également sur la place du Parlement dans la société et sur les manières d’intégrer la jeunesse dans le jeu politique traditionnel. Plus globalement, l’attitude adoptée par les parlementaires est révélatrice de cultures politiques nationales différentes.