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Cahiers SIRICE n°26

Le blocus en 1914-1918. Histoire et mémoire

Numéro dirigé par Olivier Forcade et Arndt Weinrich

    La question du blocus n’est pas nouvelle en 1914. François Crouzet établit que les effets du blocus sont toujours difficiles à apprécier, sans avoir à coup sûr assuré à la puissance navale britannique le contrôle du commerce non européen entre 1807 et 1813. Ce débat se prolonge tout au long du XIXe siècle, ponctué par la Déclaration de Paris du 26 avril 1856, à l’issue de la guerre de Crimée de 1853-1856. Puis, dans les années 1890, la Royal Navy cherche à incorporer dans sa grande stratégie le blocus maritime dont elle avait fait un long usage dans son histoire maritime depuis les XVIIe et XVIIIe siècle. Aussi, des conversations internationales se tiennent à Londres entre dix pays, du 4 décembre 1908 au 26 février 1909, en vue de rédiger une déclaration sur le droit de la guerre maritime. Mais cette déclaration de Londres du 26 février 1909 ne déboucha pas sur une convention internationale, ni le Royaume-Uni ni la France ne l’ayant ratifié en 1914.

    Lorsque Londres et Paris décident en août 1914 de mettre en œuvre un blocus maritime et continental, celui-ci répond au double objectif de faire sortir la flotte allemande en haute mer pour la neutraliser, selon le directeur du renseignement naval britannique Charles Ottley, et d’armer la guerre économique. Cette guerre économique vise à empêcher le ravitaillement extérieur des belligérants en diverses matières premières stratégiques, d’abord celles minières et alimentaires. Si bien que l’histoire du blocus allié relève d’une compréhension stratégique et économique de la guerre qui s’engage. Il a pour conséquence de provoquer un contre-blocus allemand qui se met en place durant l’année 1915. Stratégies, économie et diplomaties de guerre, adaptations tactiques et opérationnelles enfin en découlent. Le blocus allié n’est levé que le 12 juillet 1919, après la signature du Traité de Versailles par l’Allemagne.

    Longtemps, son histoire et ses archives ont été protégées tant ses conséquences ont été jugées stratégiques par les vainqueurs à la fin puis après la guerre, Londres n’ouvrant ses archives sur le sujet que dans les années 1960. Ses conséquences, sans conteste importantes sur le cours de la guerre, mais également sur les sociétés (ravitaillement, vie quotidienne, effets de surmortalité sur les sociétés des empires centraux, notamment de l’Allemagne) sont difficiles à mesurer toutefois, selon les points de vue contradictoires des contemporains. Cela peut aussi s’expliquer par le fait que le blocus a été l’objet d’une forte guerre des propagandes et de contre-propagande entre belligérants et qu’il ait généré des décisions bureaucratiques dans les États en guerre à partir de 1915-1916.

    Type de revue : 
    Période : 
    2021/1