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Cahiers SIRICE n°16

L’URSS à l’étranger. Les enjeux socio-politiques et les effets des voyages des délégations soviétiques

Le départ des Soviétiques à l’Ouest fut longtemps considéré comme définitif. Partir signifiait un non-retour, un acte de défection traduisant un rejet du modèle politique socialiste dont les cas du danseur Rudolf Noureïev ou de l’écrivain Alexandre Soljenitsyne furent les exemples les plus célèbres. En outre, au titre des représentations fréquemment associées à la guerre froide figure en première place le souvenir d’un « rideau de fer » quasiment infranchissable qui rendrait les départs d’URSS presque impossibles.

L’objectif de ce numéro est de nuancer cette double représentation à l’épreuve d’archives aujourd’hui disponibles. Les différents articles développent les contributions de jeunes chercheurs lors d’une journée d’étude tenue en Sorbonne (CRHS-UMR Sirice) en novembre 2014. Ces travaux ont mis en évidence l’essor des voyages de nouveaux acteurs de la diplomatie soviétique qui « firent » la guerre froide : les scientifiques, les sportifs, les danseurs et autres artistes qui voyageaient à l’Ouest dès l’époque du Dégel. À rebours des idées reçues, « partir » ne signifierait pas nécessairement rejeter mais, à l’inverse, défendre et incarner à l’étranger l’essence de l’homo sovieticus... et revenir sur le territoire soviétique. Ainsi, quels sont les mécanismes susceptibles d’expliquer l’inflation des départs de ces nouveaux ambassadeurs de la diplomatie parallèle du Kremlin ? Comment leur voyage est-il préparé et quels sont les mécanismes de contrôle pesant sur eux ? Quels sont les Soviétiques qui peuvent partir d’URSS ? Comment sont-ils gratifiés et récompensés de leur fidélité au régime ? Enfin, dans quelle mesure la présence de ces ambassadeurs a-t-elle contribué à façonner les imaginaires à l’égard « du Soviétique » au sein des sociétés visitées ?

Type de revue : 
Période : 
2016/2