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Journée d’études des doctorants de l’UMR Sirice du 5 octobre 2019 : Parcours transnationaux à l’époque contemporaine, XIXe – XXIe siècle

Type d'appel: 

Le terme « transnational » en histoire amène à franchir des frontières en termes de cadres géographiques et politiques, pour pouvoir interroger le passé sous des angles variés. Le transnationalisme en tant que mouvement de pensée est apparu dans les années 1990 (Nina Glick Schiller, 1992) et s’est diffusé en France durant la même décennie. Trente ans plus tard, ses réflexions sont entrées dans les pratiques historiennes à travers l’étude des réseaux et des transferts, ainsi que la sortie de l’européocentrisme traditionnel, afin d’interroger d’autres spatialités et d’autres temporalités. Organiser une journée d’étude mettant la lumière sur des questions transnationales, au sein du SIRICE (UMR 8138), pousse logiquement non pas à réinventer cette façon de faire de l’histoire, mais plutôt à confronter les pratiques des jeunes chercheurs et chercheuses et interroger les limites de cette approche. Cette journée d’étude s’inscrit ainsi dans une démarche illustrant bien l’époque actuelle où l’histoire globale et l’histoire connectée, toutes deux liées aux approches de l’histoire transnationale sans s’y substituer, deviennent des principes courants de l’écriture de l’histoire.

Le thème choisi pour illustrer ces évolutions est celui des parcours, que l’on peut définir comme des déplacements, aller simple ou aller-retour, reliant un point de départ à un point d’arrivée, en marquant des étapes dans un itinéraire parfois complexe. Ces parcours peuvent relever de mouvements physiques d’acteurs ou d’évolution immatérielle de la pensée et des pratiques. Ils sont planifiés ou développés au gré des influences extérieures. Transnationaux, ces parcours dépassent les frontières nationales, voire s’en jouent en s’appuyant parfois sur un réseau préétabli. Parce qu’ils impliquent différentes identités et sensibilités, les parcours transnationaux peuvent produire des échanges ou être le lieu de contacts sans fusion totale : ces parcours engendrent dans tous les cas des objets nouveaux, concrets ou intellectuels. En cela, on considère que les parcours transnationaux à étudier dans cette Journée sont des formes d’interpénétration, d’inter-imprégnation, où le chemin suivi n’est pas exclusivement linéaire et où les influences se font multiples et mutuelles, parce que transnationales.

 Pour pouvoir néanmoins traiter ce sujet vaste au sein d’une seule journée d’étude, trois axes thématiques ont été délimités :

 

-        Parcours migratoires transnationaux : l’histoire des migrations a été sans aucun doute la plus touchée par le tournant transnational. La question des parcours transnationaux sous le prisme des migrations amène à mettre en avant les itinéraires empruntés par les individus ou les groupes, la mobilisation de réseaux et chaînes migratoires, ou encore la mise en place de stratégies migratoires. Les contingences qui expliquent ces migrations, les marges de manœuvres des individus mais aussi les échecs de certaines tentatives seront autant d’éléments qui pourront être mobilisés. Les propositions pourront également valoriser certains parcours atypiques. Favoriser une échelle micro, sans oublier les grands phénomènes qui affectent les choix des individus, permet ainsi de se garder d’une approche téléologique trop focalisée sur les seuls facteurs de « push » et de « pull ». 

 

-        Parcours politico-diplomatiques à l’épreuve du transnational : dans le sillage des travaux récents en histoire des relations internationales, les communications devront relever le défi de ne pas se focaliser sur les seuls acteurs étatiques, et démontrer comment certains acteurs transnationaux participent à la construction d’un ordre mondial, en s’inscrivant au-delà des frontières étatiques et des paradigmes que sont la souveraineté nationale et les intérêts nationaux. Il s’agira de suivre des parcours individuels d’acteurs non-étatiques ou interétatiques, ou d’étudier des parcours collectifs d’organisations privées, de fondations, d’associations, ou d’institutions internationales à vocation transnationale. L’accent pourra être mis sur les pratiques politiques et diplomatiques, les réseaux de travail, et l’élaboration des stratégies d’influence, afin de clarifier à l’échelle individuelle ce qui sort les acteurs étudiés de leur ancrage national pour en faire des acteurs « transnationaux », et d’expliquer à l’échelle collective comment des hommes et des femmes, aux cultures et aux identités souvent très différentes, entrent en interaction de part et d’autre des frontières étatiques établies et travaillent à l’élaboration de relations transnationales.

 

-        Parcours et échanges culturels à l’échelle transnationale : les parcours transnationaux donnent lieu à des rencontres et des confrontations d’ordre culturel et sont largement moteurs des échanges. Des transferts culturels à l’histoire des circulations en passant par les approches transdisciplinaires, l’historiographie a abondamment théorisé la rencontre et l’échange à l’échelle transnationale. La notion de « parcours » invite ici plus précisément à incarner les flux culturels transnationaux dans des acteurs : à l’origine des échanges transnationaux se trouvent en effet des individus qui circulent, des entreprises qui étendent leurs activités, des institutions qui valorisent ou exportent des objets culturels « autres ». Ce troisième axe vise ainsi à interroger les processus de rencontre à l’échelle transnationale et surtout les conséquences de celle-ci. Il sera possible d’étudier comment, concrètement, les parcours transnationaux fondent les échanges culturels, scientifiques, techniques ; quelles conséquences peuvent être tirées en termes d’évolution des pratiques culturelles, des représentations et des savoirs. Les propositions pourront enfin tenter d’expliquer, à travers cette notion de parcours, les processus de réappropriation qui parachèvent l’échange, mais aussi les échecs qui jonchent les parcours avortés.

 

Cette journée d’étude des doctorants du SIRICE a pour ambition d’offrir aux jeunes historien.ne.s en cours de thèse l’occasion d’interroger leur pratique de l’histoire et de clarifier ce que l’étude des parcours transnationaux permet de comprendre de l’histoire contemporaine, du XIXe siècle jusqu’au XXIe siècle. Dans quelle mesure l’action de traverser les frontières, physiquement et intellectuellement, permet-elle de constituer des sociétés, des objets, des connaissances au sein de réseaux préexistants ou tissés par le voyage et l’échange ?

Comité scientifique : Laurence Badel (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Isabelle Davion (Université Paris-Sorbonne), Pierre Singaravélou (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Comité d’organisation : Alice de Lyrot, Romain Lebailly, Agathe Couderc, Pascal Bonacorsi

Modalités de soumission : les doctorant.e.s souhaitant participer sont invité.e.s à envoyer une proposition de communication n’excédant pas 500 mots avant le vendredi 24 mai 2019 à je.sirice.2019@gmail.com .

Date : 
Vendredi 24 mai 2019
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