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La guerre froide dans nos têtes

Pour LSD, Anaïs Kien retrace l’histoire de la guerre froide pour comprendre comment ce conflit hors normes a laissé son empreinte dans notre manière de voir la guerre, de la vivre et de l’envisager au XXIe siècle.

Longtemps, la guerre froide c’était romanesque, c’était des ponts peuplés d’espions, des couples déchirés, des inventions folles, des ambitions sans limites, des petits morceaux de bravoure et de grandes trahisons. C’était vintage et inoffensif mais depuis le 24 février 2022 notre regard a changé. On s’en amuse moins, le roman d’aventures a fait long feu alors que l’invasion russe en Ukraine nous replonge dans une culture de guerre qu’on pensait enterrée. Et pourtant cette guerre froide est convoquée sans cesse pour comprendre ce qu’on n’a pas compris, pour redessiner la ligne de partage des responsabilités dans ce retour à la sauvagerie. Le besoin de comprendre ce qui s’est passé lors de cette guerre froide, ses malentendus, ses humiliations, ses rapports de force, se fait sentir. La guerre froide est terminée mais son histoire porte en elle les racines de ce qui nous inquiète aujourd’hui.

De 1947 à 1990 le monde est séparé entre le camp soviétique et le camp américain et même ceux qui refusent cette absence d’alternative doivent faire avec. C’est un conflit réputé sans combats armés, une guerre « froide » qui s’insinue dans les corps et les têtes.

Dans nos têtes, parce que la guerre froide impose des scénarios, des décors, des héros, des antihéros, des stéréotypes qui fonctionnent encore aujourd’hui et qui peuplent la représentation caricaturale des sociétés dans la propagande de part et d’autre du Mur de Berlin qui matérialise la division du monde. S’il n’y a pas de front et de tranchées dans la guerre froide, les sociétés civiles vivent en état de guerre avec une intensité variable mais toujours présente. Cette guerre qui s’interdit la mort en théorie s’impose en permanence dans l’actualité et contamine les territoires les plus isolés, les manières de faire, de penser, de créer et de raconter. La grande victoire de la guerre froide ce sont les discours, la propagande qui des deux côtés du Mur défendait le projet de civilisation, le mode de vie, les valeurs de chaque camp. La guerre froide produit des histoires, des narrations, des interprétations, et avec tout ça des stéréotypes.

Une série documentaire de Anaïs Kien, réalisé par Benjamin Hu.

Type d'intervention : 
Participant(s) : 
Date : 
Vendredi, 30 décembre, 2022 - 17:00